Histoires de l'homme, chapitre I

Publié le par pkremer.over-blog.com

histoiresL’homme que d’autres hommes, à l’instant de le rendre à cette terre dont rien ne dit qu’il eût souhaité en sortir jamais pour peu que l’on se fût enquis de son avis, ce que l’on ne fit évidemment pas ; cet homme, que d’autres hommes encensent, doit être ulcéré : sa mort, il la voulait à l’image de sa vie, décente et sobre, comme un baume apposé sur cette plaie vieille de combien d’années déjà, toujours pas cicatrisée, quoiqu’en passe de l’être, si tant est que la mort ait pouvoir d’effacer le sillon creusé par l’existence, mais c’est là un débat que nul ici n’est en mesure d’arbitrer, le narrateur pas plus qu’un autre, qui est pourtant l’homme que l’on ensevelit, sa conscience et son double, ce qui, pour un narrateur, est ma foi fort commode.

«Vois, dit le double (à moins que ce ne soit la conscience) de l’homme que l’on met en terre, vois ce qu’il advient de tes rêves, de tes aspirations à l’instant de refermer le livre, quand l’histoire tourne court et se dénoue à la barbe de ses protagonistes, donc à la nôtre ! Vois, vois cette foule composite qui se presse, venue saluer une dernière fois ta mortelle dépouille ; foule bigarrée dans laquelle tu reconnaîtrais sans mal, puisque je le puis et que je suis toi, quelque lecteur anonyme qui, entre Montparnasse et Montmartre à dû manquer la bonne correspondance, se trompant ainsi de cimetière ; ou encore, et plus sûrement, l’un de tes plus illustres confrères, lequel ne s’est pas trompé d’endroit mais de cérémonie.

L’homme que l’on met en terre par cette automnale matinée (toi et moi, nous tous qui vivions là, enchâssés dans ta chair à présent livrée à la désincarnation) mérite bien quelques éloges : un sous-fifre du Ministère de la Culture s’en charge, et te charge le portrait ! Et te voici encensé, soudainement devenu ce «cher grand poète» si brutalement disparu, arraché à son œuvre, aux siens aussi bien sûr, mais c’est infiniment plus banal.  Et, puisqu’il n’est de véritable éloge sans emphase ni pathos, le sous-sous-fifre, qui sait y faire, y va de sa déclamation : des vers extorqués à ces recueils désormais orphelins sont proférés, résonnent alentour, rebondissent sur les tombes de tes nouveaux voisins avant de s’abîmer dans la brume matinale. Qu’ils sentent mauvais au sortir de cette bouche ! Si je n’avais pris une part active à leur genèse, je jurerais qu’ils ne sont pas de toi, mais d’un quelconque poétaillon comme il s’en trouve dans toute bonne librairie ! Vraiment, c’était bien la peine de s’échiner à la rédaction de ce testament, de se disputer à coups de codicilles rageurs pour interdire à quiconque de venir pérorer sur ton cadavre à peine refroidi : — lettres de feu noyées sous un torrent de salive !»

L’homme que l’on met en terre ne comprendrait sûrement pas que soient foulés aux pieds tous les usages sans que personne songeât à intervenir. Il comprendrait seulement qu’il s’était incompréhensiblement fourvoyé en créditant les hommes d’un reste de dignité. Il serait bien assoiffé de vengeance, mais sa conscience, étonnée que l’homme que l’on met en terre ait pu choir en pareille illusion, lui dit que rien — jamais — ne se répare, et il la croit volontiers. D’ailleurs, qui donc pourrait intervenir ? Qui pourrait châtier ceux qui se sont emparé de son corps déserté par le souffle de vie pour le traîner, l’exhiber en des lieux indignes de qui il fut ? Ebranlée, sa femme, devenue veuve en moins de deux, n’a pu exercer son droit de veto qui, de toute manière, eût été bafoué. Les fils dont il ne voulut jamais s’embarrasser ne sont évidemment pas là pour veiller au grain, mais rien ne permet d’affirmer qu’ils l’eussent défendu : les fils sont parfois des fils bien lâches ! Quant aux rares amis qu’il pouvait compter, tous lui ont joué un tour pendable, qui ont déserté ce côté-ci des choses bien avant lui. Alors...

Sa désertion à lui est encore toute fraîche : deux jours à peine. Deux jours déjà que ce cœur, jusqu’alors pourtant singulièrement irréprochable, superbe de dévouement compte tenu du peu de cas qu’en fit toujours l’homme ; deux jours que ce cœur, quoique jeune encore mais sans doute prématurément usé, las de l’ingrate mission de porter un homme qui le malmenait ; deux jours que ce cœur, rompant, sans le moindre scrupule, le contrat tacite jadis passé entre l’homme et lui, sans crier gare l’a lâché : crise cardiaque, au dire de ce médecin malhabile arrivé trop tard au chevet de l’homme dont le cœur se désarrimait pour avoir une chance d’entrouvrir les mâchoires qui déjà le broyaient, comme s’il ne savait pas, lui mieux que personne, qu’il est de ces contrées où tout retard, fût-il de quelques insignifiantes secondes, vaudra arrêt de mort !

Deux jours. Avant-hier, donc. l’homme dont le cœur va rompre est assis à son monacal établi, son écritoire. Son visage trahit une violente tension intérieure contre laquelle il se sait incapable de lutter. En lui, il sent renaître cela qui, depuis des lustres, se complaît à le mordre, à transformer son être en un vaste champ de bataille sur lequel s’entre-tuent ses forces les plus vives. Au spectacle de ce carnage, de cette guerre fratricide qui met à feu et à sang les terres de son intimité, il mesure, effaré, l’ampleur de son impuissance : nul n’est maître du Temps, et là, c’est lui, et lui seul, qui ébranle son équilibre déjà vacillant. Quand le désir de lire s’empare de toi, cependant que te taraude l’exigence d’écrire, quel drapeau blanc hisser, et sur quel mât ? Quelle trêve imposer à ces adversaires qui, en un combat singulier, pathétique et dérisoire, mettent en péril le moi, donc moi, narrateur et double de l’homme en qui le combat fait rage ? Ce conflit feutré, il en savait toutes les cruautés : lire une phrase et ne pouvoir en savourer le suc, l’esprit absorbé, hanté, vampirisé par le fantôme de celle qui cogne à la porte, que l’on condamne à l’attente et qui, le moment venu — et il viendra —, se vengera bellement, refusant de répondre aux injonctions du seigneur de la page blanche, mais retorse, avide de laver l’affront subi, usant à son tour de cette morgue que venait de lui opposer celui qui avait eu la faiblesse, la folle prétention de se croire seul maître en ses terres, quand il n’était que serf !

Avant-hier. Irruption de l’Intruse. Mais pourquoi diable ce soir-là plutôt qu’un autre qui eût tout aussi bien fait l’affaire ? Y avait-il donc urgence au point qu’elle dût se résoudre à accomplir à la hâte sa crépusculaire besogne, quand l’homme, sa victime, eût aimé s’enmourir lentement, au rythme somptueux de l’andante de la Quatrième de Mahler ? Corps sans parachute qui n’a pas senti l’instant crucial où le Vide le happait, l’homme tombant dans la mort ne connaîtra donc pas cette lente et solennelle glissade qui lui eût permis de savourer, l’ombre d’un instant furtif, le goût amer des regrets que l’on sait vains et grotesques mais que l’on ne peut taire ; de sentir, horrifié, son être envahi par une détresse soudaine et irrépressible ; de jeter un dernier regard sur ce Passé frappé d’antériorité ; de la contempler encore, elle, sa femme en instance de veuvage, rien qu’une seconde, mais intense, et de lui témoigner, en un ultime baiser, chaste et sensuel, brûlant de ses derniers feux dans le froid des parages de la mort, sa plus vive reconnaissance pour cet accompagnement de toute une vie.

Qu’entend l’homme qui sombre dans le trépas ? Le narrateur sait qu’il y avait de la musique, l’entend encore sans toutefois parvenir à la désigner avec certitude : préoccupé par ce qui ravageait son double et tendait à l’exclure de ce monde (quel moi ne serait inquiet de l’agression dont est victime la carcasse qui lui tient lieu d’abri ?) il n’entendit qu’une espèce de folle cacophonie éructée par un monstre multicéphale, quelque chose comme l’adagio d’un concerto de Beethoven auquel seraient venues s’accoupler quelques notes d’une sonate schubertienne saupoudrée de Liszt-Chopin-Mozart, sans oublier l’indispensable pincée de lieder mahlériens et straussiens. Erato en folie au cœur de la tourmente qui emportait son hôte.

Le narrateur voudrait émerger des brumes opacifiantes de l’insouvenance, ce bémol de l’oubli qui dilue mais ne gomme rien, quand l’oubli, lui, fait table rase. Il voudrait, même si cela n’a qu’une importance toute relative, d’ailleurs à peu près certain que cela n’en a aucune, il voudrait néanmoins, sans savoir pourquoi, pouvoir nommer ce qui, avant-hier, présida à la Chute de l’homme. Mais il hésite, n’ose avancer des noms, noms qui pourtant affluent dans le tumulte de ses souvenirs. Cherchant des noms, lui revient à la mémoire l’ironie révoltée de l’homme à présent au-delà du seuil, qui ne pouvait admettre cette maladie de la confusion par laquelle un interprète supplante sans mal le créateur, quelquefois au point de l’effacer (les Goldberg de Gould, la Neuvième de Furtwängler, etc. mille fois), quand le meilleur traducteur, si précieux qu’il soit, reste un commensal. Alors, puisqu’il n’est donné à aucun moribond de dire la dilution qui s’empare de lui, le narrateur décide de renoncer à la prétention de dire l’indicible : désormais, il se bornera à recueillir la musique du silence.

Une chose cependant est claire dans l’esprit du narrateur : à l’instant de déserter ce monde, l’homme contemplait ses livres, son infini. Ses yeux, de ce gris bleuté qu’a la mer à Ostende lorsque la brume tapisse l’horizon, semblaient se noyer dans cet océan de mots, ceux des autres, mais aussi les siens, ses enfants, à ses yeux, comme à ceux de son double que je suis, infiniment plus troublants que n’eussent pu l’être ceux de chair à qui il a épargné le sort de ce père qu’ils n’auront pas eu, ce dont nous ne serons jamais assez remerciés ! Mots qui avaient été les siens, ne l’étaient plus vraiment, comme les enfants n’appartiennent à personne même si beaucoup se les veulent enchaîner ; mots issus du tréfonds de l’être, expulsés dans des accès de colère monstrueuse, quelquefois, rarement, dans la paix un instant retrouvée, aussitôt reperdue ; mots chargés de cette souffrance accumulée au fil des ans, lourds de ce mal-être que l’alchimie du Verbe parfois transcenda, la plupart du temps indifféremment reçus par ceux qui en ignoraient les soubassements ; mots, emblème de cette odieuse torture du vivre affadie par la mise en caractères forcément en-deçà de la réalité, tant est long le chemin qui va de la souffrance du poète au plaisir supposé du lecteur ; mots qui, depuis peu, mais depuis trop longtemps, valaient à l’homme une renommée quasi universelle, lui que l’on traduisait à présent en de multiples langues, voire en de singuliers dialectes ! Mots, matière d’une “œuvre” : immense et dérisoire trace de vie, — sa justification.

L’homme dont le cœur est en train de faillir ne craint pas la mort : toujours il a su l’inachèvement de toute chose. Mais s’y résigner ! Mais accepter que ce recueil de poèmes sur lequel il avait crucifié la plupart de ses jours et de ses nuits, de ses plaisirs et de ses rêves, pour le seul caprice d’un muscle soudainement infidèle demeurât inachevé ! Mais renoncer à connaître jamais l’enfant que l’on porte en soi depuis si longtemps, qu’il a bien fallu nourrir seul en puisant au tréfonds de l’être cette parole qu’il faut aller, non pas cueillir, ce serait trop facile, trop lassant, mais arracher  — «tu enfanteras dans la douleur», toi aussi ! Voilà ce qui effraie l’homme dont le pas chancelant heurte le Seuil.

L’homme dont le cœur a lâché voici deux jours et que l’on met en terre par cette automnale matinée, cet homme ne voulait pas de cette terre : fou de liberté absolue, laquelle, il le savait, n’existe pas, raison à ses yeux insuffisante pour renoncer à l’espérance de la conquérir un jour, il n’aspirait qu’aux flammes qui désagrègent les barreaux de ce monde étriqué. Cependant, et sans que le narrateur, pourtant assez bien informé sans quoi il n’assumerait pas ce rôle somme toute ingrat, sache en expliquer la ou les raisons, d’autres, en son nom, en ont décidé autrement : il ne sera pas incinéré, mais reposera sous une belle chape de terre ! La sépulture est là, en passe d’être plombée. Au fond, quelle importance ? Squelette sous terre ou cendres emportées au gré des vents, nul ne s’évade de la prison globulaire. «Un jour viendra, songe le narrateur, où des hommes, passagers de l’espace, connaîtront enfin l’échapper belle, qui ne seront plus prisonniers d’un seul système : l’Infini sera leur demeure, heureux hommes !»

Tel n’est certes pas le destin de l’homme que l’on met en terre et qui va devoir supporter mille, dix mille humiliations, cent mille peut-être compte tenu de l’éternité du trépas, comme si la vie ne lui en avait pas infligé en suffisance (du moins avait-il alors l’illusion de les combattre par ses vaines protestations , petite fierté dont il ne pourra même plus se prévaloir.) C’est sûr, on nous roule dans la farine : vie ou mort, d’un ventre à l’autre, c’est un même lit sans matelas qui nous attend. Foisonnement d’humiliations, ad vitam æternam ! Sombre promiscuité d’un voisinage imposé : à sa droite, un ci-devant artiste peintre, barbouilleur de toiles ; à sa gauche, une ci-devant affriolante jeune femme dont la réputation d’experte en libertinage a percé le silence tombal : essence de térébenthine et siccatif de Courtrai contre mascara et Chanel 5 ! Homme de gauche, il irait volontiers vers la damoiselle, mais, fanées les fleurs du mal, comment assouvir un désir éteint ? «Pieux désir sur lequel la bougresse ne pourra s’empaler», songe le narrateur. Voisinage encore, et bruyant, celui, à deux pas à peine, de Sartre et de Beauvoir, illustres voisins à qui l’homme nouveau venu eût préféré la compagnie mieux choisie de Baudelaire, ou celle de Beckett, encore que lui soit pénible la pensée que l’on ait respecté les ultimes volontés de cet Irlandais qui avait eu le bon goût d’accepter du bout des lèvres ce qu’il avait, lui, refusé avec fracas. Humiliation toujours, et constante, de l’aube à la tombée du jour, de l’odieuse présence de ces ignobles gardiens en uniforme d’opérette : nez vérolé par la vinasse, ils gloussent de manière obscène dès que passe une paire de fémurs encore joliment enrobés de chair fraîche, et, la panse au vent, usent leur semblant de vie à l’endroit même où ils seront un jour fossilisés !... Humiliation de l’incessant défilé de badauds qui vont et viennent à la recherche d’une sépulture digne de figurer dans un album de souvenirs, ou alors d’un banc sur lequel se poser un instant, histoire de souffler un peu, voire de casser la croûte, quand ce ne sont pas des couples qui viennent exhiber leur désir, parfois même le satisfaire à la sauvette !... Le narrateur se souvient alors de ce temps où, accompagné de son double, il aimait lui aussi à emprunter ce raccourci paisible, s’arrêtant de longs moments pour savourer une cigarette et respirer le silence des morts entrecoupé de félines complaintes. Il se souvient aussi de cette étrange vision qu’il avait eue un jour lorsque, passé Tzara, lui était apparue, comme surgie tout à coup de ce champ de stèles, la tour Montparnasse, phallus de verre en quoi semblait s’incarner la verticalité de la vie, une vie qui aurait nargué l’horizontalité de la mort. Troublé, je m’étais arrêté pour prendre note de cette surprenante apparition, puis avais repris ma flânerie vers le bas du cimetière, passant devant l’endroit où, à présent, a lieu la mise en terre de l’homme qui m’accompagnait alors, mon double au destin contrarié.

Le destin de l’homme que l’on met en terre, c’est d’être sali, éclaboussé par ce qui se déroule depuis deux jours, et qui est proprement odieux. Des caquètements des radios et télés aux manchettes bien grasses de certains quotidiens, même, surtout parmi ceux qui l’avaient toujours honoré de leur silence, ce ne sont qu’hommages pour lesquels son double, le narrateur que je suis, réclamerait volontiers, s’il avait pouvoir de parler, des dommages et intérêts qui ne dédommagent de rien ! De mémoire de conscience, le narrateur ne se souvient pas avoir jamais assisté à pareil émoi : un tel bain d’encens pour un poète, renversant ! Il a beau se remémorer la disparition de Michaux, tellement bouleversante pour lui, ou celle de Char, il ne voit pas qu’il y ait eu une telle flopée d’encre répandue, ou bien fut-il aveugle ? Quant à celle de Ponge, qui donc s’en souvient ? Ce qu’il ne peut comprendre, c’est la singulière maladresse des journalistes passés complètement à côté du scoop : c’est à la pliure de ce XXè déchiré qu’il eût fallu le traquer, là où vint à la vie l’homme que l’on met en terre en ce XXIè non moins affligeant.  Alors, devant un tel raz-de-marée médiatique qui parachève l’œuvre de la Vieille, le narrateur, qui sait qu’elle se venge de son impuissance à combler le sillon creusé par le cri du poète en réduisant l’homme, mais l’homme seulement, au silence, le narrateur s’indigne au nom de son double, peste, hurle au scandale, pourtant certain que son cri ne survivra pas à la nuit des hommes, mais peu lui importe : la virulence de son ressentiment est telle qu’il se doit de la cracher à la face du monde, ce que je fais.

L’homme à présent sous terre ne peut voir, et c’est heureux pour lui, ce que voit son double attristé, cette kyrielle de tronches jadis familières que l’on croyait effondrées depuis belle lurette, et qui resurgissent comme un cauchemar ! Quelques-unes, un oignon sous cape, écrasent une larme ; d’autres se raidissent malaisément tant elles sont ravies d’assister à ce que, naïvement, elles prennent pour le plus grand de ses échecs, qu’elles ne tarderont pas à essuyer elles aussi ; d’autres encore, plus fourbes s’il se peut, y vont de leur protestation d’amitié, de confiance immémoriale en son talent, son génie décelé dès les premières lignes de ces manuscrits qu’elles rejetèrent pourtant ! Et puis il y a la foule ébahie des anonymes en pâmoison devant ce cortège d’hommes de lettres, qui sont parfois des femmes, pas toujours discernables de leurs frères de plume, sinon sur le papier. Fort marri par ce Tout-Paris qui ose s’offrir la dernière bière de son double, le narrateur maudit le règne de la facticité : faux amis, fausses pleurs, fausses condoléances, fausses fleurs, tout est faux, archifaux ! «Il est mort comme un chien», dit-on parfois, mais seul un chien peut-être meurt tranquille, en paix, encore qu’il y ait des hommes pour le jeter aux ordures !... Alors l’indésireux que fut toujours le narrateur, cet homme à présent sous terre, se plaît à envier le destin des chiens, cependant que s’éloigne l’imposant cortège des sursitaires qui s’oublient. Allez ! on finira bien par se retrouver un jour, hélas ! 3, boulevard Edgar-Quinet, 75014 Paris, métro Raspail, mais l’on peut aussi bien descendre à Montparnasse, à Vavin ou, mieux encore, à Gaîté !

 

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